Orientation
Une manque de qualification et un déficit d’orientation
sont les deux obstacles majeurs que rencontre la plupart
des jeunes Marocains et qui handicapent fortement leur
épanouissement et leur insertion dans la vie sociale et
professionnelle. C’est en effet ce qui ressort de
manière saillante de la Consultation nationale des
jeunes, première grande enquête officielle du genre à
être réalisée au Maroc, à l’initiative du département en
charge de la jeunesse.
L’école
est sévèrement jugée par la majorité des jeunes, et ce
pour plusieurs raisons. S’il est vrai que dans le meilleur
des cas elle permet d’acquérir des connaissances générales
et participe à la socialisation de l’individu dans un
contexte religieux et identitaire spécifique, elle le fait
trop souvent aussi dans un cadre normatif peu soucieux de
développer des compétences professionnelles en adéquation
avec les exigences du marché du travail, et sans égard
pour la personnalité et la singularité de tout un chacun.
Les jeunes pensent que l’école n’est pas à l’écoute de
leurs besoins et ne fait rien pour les aider à s’ouvrir
sur la modernité ; en outre la majorité d’entre eux
estiment que le fameux slogan de l’égalité des chances est
un vain mot qu’un simple coup d’œil aux statistiques
permet d’invalider : le systèmes scolaire actuel provoque
la déperdition d’un jeune sur deux avant la fin du cycle
secondaire. Autre reproche et non des moindres que font
les jeunes à leur système d’éducation : celui-ci consacre
très peu de moyens et d’efforts à l’orientation et au
conseil au cours de la formation. Par manque d’instances
spécialisées, organisées et dévouées à ce secteur
d’information sur la poursuite des études et d’aide au
choix de carrière, les élèves et les étudiants, sont
souvent dans l’incapacité de prendre une décision
raisonnée engageant leur avenir. De leur côté, la plupart
des parents et professeurs, se trouvent démunis et
incapables de jouer pleinement leur rôle d’éducateurs
responsables.
L’école
publique a donc, aux yeux de ceux qui la fréquentent,
failli grandement à sa mission. Celle-ci repose
essentiellement sur quatre composantes :
- L’accès à l’emploi ;
- L’accès à la qualification professionnelle ;
- L’accès à l’autonomie et à l’épanouissement ;
- L’accès à la citoyenneté.
Si
l’école publique a montré ses limites quant à favoriser
l’émergence d’une jeunesse citoyenne, fière de se
reconnaître dans les valeurs fondatrices de l’identité
nationale et qui aspire au progrès sous toutes ses formes,
d’une jeunesse épanouie sur le plan personnel et bien
armée par son savoir et son savoir-être pour affronter
sereinement le marché du travail, – des instances
parallèles lui ont usurpé ce rôle et tentent de pallier
ses manques.
D’abord, la famille. Les jeunes sont très nombreux à
estimer aujourd’hui que sa fonction est principalement
éducative et qu’elle a pour rôle principal de les aider à
forger leur personnalité. Malheureusement, la famille est
très souvent peu qualifiée pour répondre à ce besoin
d’éducation et d’orientation ; en effet beaucoup de
parents (et parmi les plus instruits) avouent leur
incompétence ne serait-ce que pour l’aide aux devoirs des
tout-petits : la raison en est probablement que les
savoirs ne cessent d’évoluer et les méthodes pédagogiques
aussi. Bien sûr, au fur et à mesure que les jeunes élèves
avancent en âge et dans leur scolarité, la famille abdique
son rôle d’aide et de conseil. Alors les jeunes se
tournent vers les établissements de culture et de loisir
dans l’espoir de pouvoir par ces moyens combler leurs
lacunes et compléter leur formation. Mais les
bibliothèques, salles de cinéma, conservatoires et autres
théâtres ne brillent pas dans notre pays par leur
surnombre, et si la lecture (ô combien indispensable pour
dispenser une culture générale de plus en plus requise
aujourd’hui) est effectivement un des principaux loisirs
des jeunes (avec le sport et les voyages), l’accès au
livre reste limité à cause de son prix ; aussi le plus
grand nombre s’adonne plutôt à la lecture de journaux et
de revues au prix modique.
La
plupart des jeunes Marocains reconnaissent que la clé du
succès professionnel et plus généralement dans la vie est
triple : sérieux, qualification et culture générale ;
hélas ! ils estiment encore que décrocher un travail est
essentiellement dû à l’appui d’un réseau relationnel (le
fameux « piston »).
Comment
renverser cette tendance ? Plusieurs solutions existent et
ont été effectivement proposées ici et là, mais il faut
reconnaître d’abord que si un des principaux objectifs de
l’école est la qualification de l’élève en vue de trouver
un travail, cette recherche d’emploi ne doit pas débuter
seulement à la fin des études mais elle doit commencer
très tôt (dès le collège par exemple) par une immersion
progressive de l’apprenant dans le monde du travail
(visites, échanges…). En outre, l’écoute et l’orientation
des jeunes doit remplacer la prise de décision arbitraire
et la mise sous tutelle des parents ou des enseignants.
Les jeunes doivent pouvoir trouver à leur disposition, à
toutes les étapes de leur cursus, même les plus précoces,
un conseil d’orientation individualisé et au courant des
récents développements survenus dans le monde du travail
et de la formation. Seul l’accès à une information
actualisée et préalablement traitée, travail de
spécialistes dans ce secteur vital de l’orientation, est à
même de répondre aux besoins réels des jeunes et de faire
reculer l’attitude majoritaire de conformisme et de
passivité, véritable frein à la réussite.
Pour en
savoir plus
Objectifs
L’enseignement
au Lycée
(général, technique et professionnel) vise, en plus de la
consolidation des acquis de l’École Collégiale, à
diversifier les domaines d’apprentissage, de façon à
offrir de nouvelles voies de réussite et d’insertion dans
la vie professionnelle et sociale, ou de poursuite des
études supérieures. Il comprend des formations; générales,
techniques et professionnelles organisées dans deux cycles
:
Un cycle de tronc commun d’une durée d’une année ;
• Un cycle du baccalauréat d’une durée de deux années et
comprenant deux filières principales ; la filière générale
et la filière technologique et professionnelle.
1e cycle du tronc commun, ouvert aux
élèves titulaires du brevet d’études collégiales, consiste
en un ensemble de modules d’apprentissages requis de tous,
ayant pour objectifs généraux :
De développer, consolider ou mettre les compétences de
raisonnement, de communication, d’expression,
d’organisation de travail et de recherche méthodique, chez
tous les apprenants ;
• De développer les capacités d’auto apprentissage et
d’adaptation aux exigences changeantes de la vie active et
aux nouveautés de l’environnement culturel, scientifique,
technologique et professionnel.
La durée des études dans ce cycle est d’une année au cours
de laquelle les apprenants recevront d’abord des modules
communs puis, en deuxième partie de l’année et avec
l’appui des conseillers d’orientation, ils effectueront
des choix de modules préparant à une orientation
progressive adéquate, avec possibilité de réorientation en
cours de cycle.
La nature et le nombre minimal de modules du tronc commun,
à suivre par les apprenants, seront différenciés
progressivement selon la nature et le niveau de leurs
acquis antérieurs et selon les choix et les possibilités
d’orientation ultérieure.
Le cycle de baccalauréat, d’une durée de
deux années, est ouvert aux élèves issus du tronc commun
et comprend deux filières principales : une
filière d’enseignement technologique et professionnel
et une filière d’enseignement général
étant entendu que chaque filière est composée de plusieurs
branches et que chaque branche comporte des disciplines
obligatoires et des disciplines à option.
La filière de l’enseignement technologique et
professionnel se profile comme suit :
• Elle vise, outre les objectifs généraux du tronc commun
à former des techniciens et des agents de maîtrise dotés
des compétences scientifiques et techniques nécessaires à
l’exercice de fonctions intermédiaires d’encadrement et
d’application des différents domaines de production et de
services, dans tous les secteurs économiques, sociaux,
artistiques et culturels ;
• Elle est ouverte aux apprenants issus du tronc commun et
satisfaisant aux conditions d’accès spécifiques à chaque
option de formation, ou aux lauréats du DQP désireux d’y
reprendre leurs études, après passage dans la vie active.
Ces derniers auront à compléter les modules de formation
nécessaires, sur la base de l’évaluation précise de leurs
compétences et des pré-requis et objectifs spécifiques à
chaque spécialité de ce baccalauréat ;
La durée des études est de deux ans, et est sanctionnée
par un baccalauréat d’enseignement technologique et
professionnel (BETP) permettant l’accès :
• Soit à la vie active directement ;
• Soit aux instituts de formation de techniciens
spécialisés rattachés ou non aux universités, sur examen
de dossier ;
• Soit aux classes préparatoires des grandes écoles ;
• Soit aux études universitaires, éventuellement après un
passage dans la vie active, sous réserve de satisfaire aux
conditions d’admission à ces institutions et de compléter
les pré-requis d’apprentissage exigés par elles.
La filière de l’enseignement général se
profile comme suit :
• Elle vise, outre les objectifs généraux du tronc commun,
à faire acquérir aux apprenants ayant les prédispositions
nécessaires, une formation scientifique, littéraire,
économique ou sociale les préparant à poursuivre, avec un
maximum de chances de succès, des études supérieures ;
• Elle est ouverte aux apprenants issus du tronc commun
ayant satisfait aux conditions d’accès spécifiques à
chaque grand domaine de spécialisation, étant entendu que
des passerelles permettront les réorientations qui
s’avéreraient nécessaires tout au long de l’enseignement
secondaire ;
La durée des études est de deux années, après le tronc
commun, sanctionnées par un baccalauréat d’enseignement
général (BEG), permettant l’accès :
• Soit aux classes préparatoires des grandes écoles ;
• Soit aux universités, ou autres institutions supérieurs
spécialisées, sous condition de satisfaire aux critères
d’admission exigés par elles, dans chaque domaine
d’enseignement supérieur.
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